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L’Unaf est intervenue à l’occasion des Assises de la pédiatrie et de la santé de l’enfant

Les Assises de la pédiatrie et de la santé de l’enfant se sont déroulées le 24 mai 2024 au CESE, en présence de Fréderic Valletoux, ministre délégué à la Santé et à la Prévention. A la demande des animateurs des travaux préparatoires à cet évènement, l’Unaf avait réalisé une enquête qualitative et une enquête quantitative auprès des parents en 2023. Une synthèse de ces travaux a été présentée au cours de ces Assises par Nicolas Brun, coordonnateur du Pôle Protection sociale et santé de l’Unaf.

Après de multiples péripéties, les Assises de la pédiatrie et de la santé de l’enfant qui devaient se dérouler en juin 2023, ont eu lieu le vendredi 24 mai 2024 au CESE, en présence de Fréderic Valletoux, ministre délégué à la Santé et à la Prévention.

La tenue de ces Assises marque la conclusion de travaux préparatoires menés depuis 18 mois par un comité d’orientation co-présidé par Adrien Taquet, ancien secrétaire d’État chargé de l’Enfance et des Familles, et le Pr Christèle Gras-Le Guen, professeure des Universités en pédiatrie, cheffe du service de pédiatrie générale et des urgences pédiatriques au CHU de Nantes, présidente de la Société Française de Pédiatrie. 

Réalisation d’une enquête qualitative et d’une enquête quantitative par l’Unaf

Dès le début des travaux du comité, Adrien Taquet a souhaité consulter les parents afin que ces derniers puissent exprimer leurs besoins, leurs craintes et leurs suggestions visant à améliorer le parcours de santé de l’enfant. Pour ce faire, il a demandé à l’Unaf de s’organiser pour recueillir cette parole et permettre aux parents de faire entendre leur voix à côté de celle des professionnels en charge de la santé de l’enfant.

C’est dans ce cadre que l’Unaf a réalisé une enquête qualitative et une enquête quantitative[1] auprès des parents en 2023. Une synthèse de ces travaux a été présentée au cours de ces Assises par Nicolas Brun, coordonnateur du Pôle Protection sociale et santé de l’Unaf.

Les résultats de ces enquêtes ont été annexés au rapport « Investir dans la santé de l’enfant : une urgence nationale »[2] qui a été remis au ministre de la santé et de la Prévention par le comité d’orientation le 23 avril 2024.

Les ambitions du rapport

Ce rapport comprend plus de 350 propositions organisées autour de 8 ambitions et 20 mesures phares :

Ambition 1. AMÉLIORER LA SANTÉ DE L’ENFANT À CHAQUE ÉTAPE DE SA VIE.

Ambition 2. REFAIRE DES URGENCES LE LIEU DE L’URGENCE.

Ambition 3. LUTTER CONTRE LES PERTES DE CHANCE DES ENFANTS AVEC BESOINS SPÉCIFIQUES.

Ambition 4. FAIRE DE LA SANTÉ MENTALE DE NOS ENFANTS UNE GRANDE CAUSE NATIONALE.

Ambition 5. ADAPTER NOS POLITIQUES DE PRÉVENTION AUX NOUVEAUX RISQUES QUI PÈSENT SUR LES ENFANTS.

Ambition 6. ENFANTS DES OUTRE-MER : UNE RÉPUBLIQUE, UNE SANTÉ.

Ambition 7. (RE)FAIRE DE LA FRANCE UN PAYS LEADER DANS LA RECHERCHE ET L’INNOVATION EN SANTÉ DE L’ENFANT.

Ambition 8. GOUVERNANCE, DÉCLINAISON TERRITORIALE ET ÉVALUATION DE LA STRATÉGIE QUINQUENNALE.

Les annonces du ministre

Le ministre, Frédéric Valletoux, en conclusion de ces Assises a indiqué sa volonté de mettre l’accent sur la prévention, et de systématiser la réalisation des 20 examens obligatoires de l’enfant. Il souhaite créer un nouvel examen obligatoire à 6 ans pour détecter d’éventuels troubles du neuro-développement, du langage ou optiques.

La refonte en cours du carnet de santé de l’enfant permettra d’avoir un meilleur suivi de ces examens, à travers notamment son intégration dans « mon espace santé. Examens dont certains doivent être revalorisés dans le cadre de la négociation actuelle entre les médecins et l’Assurance maladie.

Axe clé de la prévention, la vaccination contre la bronchiolite avec le Beyfortus de Sanofi, réservée cette année aux maternités, sera étendue l’an prochain aux praticiens en ville. 

Le plan prévoit aussi de faciliter l’accès aux orthophonistes, sans passage au préalable par un médecin traitant. Face aux besoins croissants, il promet une augmentation du nombre de places de formation pour cette spécialité de 10% dès 2025 à 50% en 2030. Il promet des revalorisations pour ces professionnels intervenant dans les établissements publics. Revalorisations également attendues pour les pédo-psychologues, dont le nombre dans les centres médico-psychologiques (CMP) doit nécessairement augmenter face aux récentes alertes sur la santé mentale des jeunes.

Il souhaite « former mieux et former davantage de professionnels à la santé de l’enfant ». Pour y parvenir, le gouvernement compte accroître de 50% le nombre de places en formation en médecine pédiatrique d’ici à 2030 pour atteindre 600 places par an.

Il entend par ailleurs créer une mention en pratique avancée en « santé des enfants » pour les infirmiers pour une première rentrée en scolarité en septembre 2027 au plus tard.

Afin de contribuer à la recherche et améliorer les connaissances autour de la santé infantile, une grande cohorte pédiatrique prénatale, comprenant 200.000 familles enrôlées sur quatre ans, permettra de mieux comprendre les déterminants environnementaux et psychosociaux de la survenue des pathologies pédiatriques, notamment les cancers.

En conclusion pour l’Unaf,

La feuille de route annoncée par le ministre de la Santé est un bon début et contient des mesures intéressantes (renforcement de la formation à la pédiatrie pour les médecins généralistes), mais elle risque de ne pas répondre à tous les enjeux qu’implique une politique de santé de l’enfant forte et répondant aux besoins des familles et de leurs enfants.

La question de la santé mentale est, en ce sens, emblématique. Il a été, certes, annoncé la volonté d’augmenter le nombre de pédiatres formés (600 /an en 2030 contre un peu plus de 300 aujourd’hui) ainsi que celui des orthophonistes (+50% en 2030), ou encore de renforcer les crédits dédiés aux Maisons des adolescents.

Il manque cependant une véritable feuille de route spécifique concernant la santé mentale des enfants permettant d’avoir une vision globale et cohérente sur ce sujet alors que, comme le montre de nombreuses études, la situation n’a jamais été aussi sensible qu’aujourd’hui. Rappelons par ailleurs, que l’étude quantitative de l’Unaf montre que, parmi les parents qui ont eu besoin d’un accompagnement pour le suivi de la santé mentale de leur enfant, 30% déclarent avoir dû se débrouiller tout seul et décrivent ce parcours comme une véritable course d’obstacles.

Les membres du comité d’orientation ont demandé d’être associé au suivi et au déploiement de la feuille de route à travers la création d’un comité de suivi et de propositions (CoSP) sous l’égide du ministère de la Santé et de la Prévention. L’Unaf soutient cette demande et souhaite être membre de ce futur comité pour y porter la parole des familles.

De con côté, Frédéric Valletoux a indiqué en conclusion sa volonté de continuer à associer les membres du comité ainsi que tous ceux qui souhaitent s’associer à la mise en place d’une politique interministérielle visant à améliorer le parcours et le suivi de la santé de l’enfant.

Les membres du comité ont exprimé leur volonté de continuer à suivre cette première feuille de route afin de s’assurer qu’elle se traduise dans les faits et qu’elle puisse au fur et à mesure intégrer d’autres préconisations faites dans le cadre du rapport remis au ministre.

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[1] https://www.unaf.fr/ressources/nouvelle-etude-thematique-de-lunaf-parcours-de-sante-des-enfants-des-parents-inquiets-et-stresses/

https://www.unaf.fr/ressources/le-parcours-de-sante-des-enfants-vu-par-leurs-parents-vol-2/

https://www.unaf.fr/ressources/perception-par-les-parents-du-suivi-de-la-sante-de-leur-enfant/

[2] https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/assises_de_la_sante_de_l_enfant.pdf